Il y a quelques semaines Facebook est devenu Meta, enfin Meta a été créé pour devenir la maison mère de Facebook, Instagram, What’s App et Oculus.
Ce changement a plusieurs objectifs, dont 2 principaux :
- Rendre l’action Meta plus solide lorsqu’il y a des problèmes avec Facebook et anticiper le déclin de ce dernier
- Affirmer la vision de Zuckerberg dans l’évolution de Meta/Facebook pour les 10 ans à venir.
Le choix du nom Meta est lié à la volonté de Zuckerberg de devenir le leader du Metarvers, stratégie déjà initiée avec le rachat en 2014 de la société Oculus leader dans la création et la vente de casques de réalité virtuelle.
Définir le metavers (ou metaverse en anglais) est compliqué, c’est à la fois un buzzword, un moyen d’associer des notions pour éviter de les expliquer et parce que c’est aussi un concept qui est en mouvement.
De mon côté j’ai envie de voir le metavers comme une notion qui va évoluer en 3 étapes :
- Aujourd’hui : Quand on évoque le metavers aujourd’hui c’est pour désigner des univers virtuels dans lequel il est possible d’interagir entre utilisateurs par l’intermédiaire d’avatars. Les meilleurs exemples sont à aller chercher du côté des jeux vidéo et leurs communautés. Les exemples souvent cités sont Roblox et Fortnite mais il y en a des centaines.
Il existe aussi des univers virtuels dédiés à d’autres activités que le jeu, qu’elles soient sociales, creatives, mercantiles et même des espaces dédiés au travail. En 2007/08, Second Life était considéré comme le futur de l’internet avec son monde en 3D, ses outils de créations et sa monnaie qui permettait de faire du business (un article de 2008). Aujourd’hui on peut citer Horizon de Meta ou encore pour le futur du travail Mesh par Microsoft. (J’évoquerai dans un prochain article le phénomène Decentraland ) - Demain : La volonté de Zuckerberg est de créer des interconnections entre ces univers virtuels, pour faire en sorte qu’il soit aussi simple de passer de l’un à l’autre que de cliquer sur un lien aujourd’hui. Le metavers de demain sera surement composé plusieurs réseaux d’univers virtuels où l’on ira de l’espace 3D de sa mairie à celui d’une marque et enfin dans l’espace mis à disposition de son entreprise pour faire ses réunions.
Ce futur est aussi rendu possible par l’arrivée dans notre quotidien des NFT, ces certificats d’authenticité pour les objets immatériels.
Pour faire simple, grace à la technologie de la blockchain (comme pour le bitcoin et les cryptomonnaies) il est possible de devenir le propriétaire d’un « objet numérique » (photo, texte, vidéo…) et même si ce dernier peut être copié facilement, le propriétaire est connu et peut donc le revendre, la rareté étant régulièrement créatrice de valeur.
Evidement ça ouvre des possibilités pour la création numérique qui trouve ici un moyen d’être rémunérée et une énorme opportunité pour les géants de la technologie pour reproduire dans le metavers notre société de consommation.
Concrètement, on peut imaginer dans ce Web3, que l’on achète un tee-shirt pour notre avatar dans une boutique dans un centre commercial en 3D, on obtient via un NFT un titre de propriété qui va nous permettre ensuite de le porter dans d’autres univers, celui dans lequel on discute avec ses amis, dans une galerie d’art ou bien lors d’une réunion de travail.
Si vous doutez du fait qu’un jour vous dépenserez 5€ pour habiller un avatar c’est que vous sous-estimez la pression sociale présente dans le metavers, une fois que l’on se « prend au jeu » on a tous très vite envie que notre double numérique nous ressemble ou exprime un peu de notre identité. - Après demain : Cette évolution est très liée aux dispositifs qui vont nous permettre d’interagir avec les éléments virtuels du metavers.
Aujourd’hui pour visiter ces mondes, nous utilisons nos écrans en 2D classiques, cela fonctionne mais c’est bien sûr bien moins immersif qu’un casque de réalité virtuelle.
Mais ce dernier n’est pas facile à porter et il nous isole dans une bulle.
On peut imaginer dans le futur des dispositifs performants à base de lunettes qui permettront de mixer les réalités comme on peut le faire en jouant à Pokémon Go.
Les pionniers comme les Google Glass (mon avis de 2013), les Microsoft Hololens ou Magic Leap ont essuyé les plâtres mais nous savons que tout va vite dans ce domaine. Reste l’ultime saut, avec les lentilles de contacts, comme celle que devrait proposer Mojo.
L’intérêt de mixer les réalités est donc de profiter des créations numériques dans notre espace tangible, on peut imaginer se débarrasser des écrans 2D, jouer aux échecs comme dans les films de sciences fictions, afficher des informations diverses et variées… Les possibilités sont sans limite et largement utilisé en Science Fiction.

Facebook en devenant Meta a accéléré l’attention médiatique sur cette évolution de nos usages et des technologies qui vont les accompagner. Zuckerberg a d’ailleurs beaucoup insisté sur les opportunités business que devraient offrir ces nouveaux espaces.
De notre côté, en tant qu’utilisateurs et observateurs, nous pouvons nous poser plusieurs questions qui reposent sur le bon sens :
- Souhaitons nous que les nouvelles technologies soient utilisées pour reproduire le modèle économique de notre société ?
- Sommes nous prêt à accepter que les infrastructures et donc les règles qui gouvernent ce futur web soient la propriété des géants des technologies ?
- Qu’est ce que nous pouvons faire ?
Si les deux premières questions sont rhétoriques la dernière n’a pas encore de réponse. Je pense qu’il faut déjà informer et former les populations, avoir conscience des nouvelles règles, de leurs limites et de leurs opportunités, laisse moins de place aux débordements.
Il y a aussi le sujet de l’avènement de technologies vraiment ouvertes qui doivent voir le jour afin d’offrir le choix. Sur ce terrain, les initiatives sont encore assez timides mais on peut espérer les voir arriver avec le public.
Enfin, je ne pense pas que notre projet de société soit d’arrêter d’acheter des trucs, de consommer, de voyager et de se faire plaisir. Je pense que de fait des acteurs comme les marques peuvent venir jouer un nouveau rôle, en n’étant plus les sponsors des plateformes mais en devenant des acteurs, en créant de la valeur pour leurs clients bien au delà de la publicité que l’on connait depuis 100 ans.
Sans surprise, ce que je voulais être une synthèse est devenu un long article mais si vous voulez creuser le sujet avec moi, je suis facile à contacter 🙂 (linkedin/twitter/Instagram)